Crime et châtiment [Terminé]

Un bruissement d’ailes. Des ailes noires. Des yeux. Noirs de jais. Quelques notes de musique, cristallines. Et quatre mots qui résonnent : « Allez, laisse-moi sortir. ». Un bip.

…euh…un bip ? Mince, c’était le réveil qui sonnait, un peu trop tôt d’ailleurs.
Black ouvrit les yeux et se leva péniblement. Encore un rêve à la con. Soupir.
Il posa ses pieds nus sur le sol froid, se gratta le ventre et bailla. La grande classe.

Il prit quelques affaires et sortit en caleçon jusqu’aux douches. Il n’y avait personne dans les couloirs à cette heure. Et personne non plus dans les douches. Il se rasa et se lava rapidement. Ca allait mieux.
Il s’habilla et ressortit. Il eut à peine le temps d’aller poser ses anciennes affaires dans sa chambre sans être en retard à la convocation.

Il finit par arriver dans le bureau de la direction de l’école. Il fut un peu déçu de ne pas être accueilli par le proviseur en personne. A sa place, le type aigri qu’il avait rencontré la veille, lors de son arrivée.

Il lui parla rapidement de ses devoirs en tant que surveillant et aide aux études. Il lui fit signer le règlement intérieur sans lui laisser le temps de le lire. Il lui confirma bien le fait qu’il avait un « bureau » à lui… c'est-à-dire un box dans une grande salle administrative. Mais bon, il y avait son nom dessus, alors, pourquoi se plaindre ?

Le temps d’étudier en détail le règlement, les deux élèves qu’il avait convoqué allaient arriver. Il avait hâte.

Noa était déjà dans le couloir, son casque sur les oreilles, plongé dans un bouquin, adossé contre le mur. Un t-shirt blanc à manches courtes par-dessus un noir à manches longues, un jean un peu large et visiblement usé, une paire de docs rouges aux pieds.

Le type, qui avait un nom certainement et qu'on va baptiser pour la cohérence du jeu était arrivé peu de temps après un Noa imperturbable, qui ne leva même pas la tête à l'arrivée de l'autre, l'ignorant royalement. Ce qui eut bien évidemment le don d'agacer la brute, baptisée Makoto dès maintenant.

"Tu te crois mieux que les autres, hein ?" fit-il en retirant une nouvelle fois les écouteurs de Noa.

Lequel poussa un long soupir d'agacement.

"Putain, non. Et t'as pas envie de me foutre la paix cinq minutes ? Je sais pas c'est quoi ton problème avec moi, mais faut te calmer, hein, parce que si on est convoqués là, c'est grâce à ta finesse et à ta patience."

Makoto le fixa en clignant des yeux un moment, pas certain que le type qui faisait sa taille, mais pesait largement vingt kilos de moins que lui ait réellement osé lui répondre. Finalement, il se décida à refermer la bouche, pour mieux la rouvrir par la suite.

"J'aime pas ta tête, elle me reviens pas, c'est ça mon problème."

"Bah ferme les yeux ou regarde ailleurs, j'ai pas l'intention d'en changer."

Et sur ce, il remit ses écouteurs sur les oreilles et continua sa lecture. Mais il fut à nouveau interrompu, mais cette fois pas par la brute de service, mais pas le type aigri et peu avenant qui avait accueilli Black, et qui leur faisait signe qu'ils pouvaient entrer.

Makoto se précipita dans la salle, histoire de faire bonne impression, bousculant un Noa-Kellig quelque peu agacé au passage, mais qui finit par entrer dans la salle, avec dix secondes de retard sur son super ami, qui l'avait envoyé bouler assez fort pour le faire tomber.

En entrant, son regard se posa sur Black, et son visage se détendit visiblement. Il retira ses écouteurs, et rangea son livre, restant debout face au surveillant et à côté de Makoto, mains dans les poches, et un sourire un brin effronté aux lèvres, à l'attention de son déjà pion préféré.

Black leva les yeux au ciel, comment deux personnes pouvaient-elles faire autant de barouf en entrant ?
Il chercha fébrilement des yeux Noa et sourit intérieurement quand il le vit rentrer.

Il se leva et toisa les deux jeunes garçons. Le premier, une grande brute appelée Makoto, arborait un sourire contrit et purement hypocrite. Le second, un grand blond appelé Noa, arborait son perpétuel sourire en coin purement provocateur. Il soupira et prit la parole.

« Vous avez commis tous les deux une infraction au règlement intérieur en participant à une bagarre au sein de l’école » dit-il en tendant le bras vers la rame de papier posée sur son bureau. Pur bluff car il n’avait pas tout lu, loin de là, il s’était arrêté à l’utilisation des porte-serviettes.

Makoto prit nerveusement la parole : « Mais non, monsieur le surveillant, on s’amusait juste… on venait de faire connaissance. »
Pitoyable. Deux paires d’yeux gris le fixèrent sans expression.

Black se racla la gorge. Apparemment cette brute était trop trouillard pour évoquer le fait qu’un surveillant ait levé la main sur lui. VRAIMENT pitoyable.

« Bref, Makoto. Comme punition, tu devras nettoyer de fond en comble tout le gymnase et les vestiaires. ». Le visage de l’élève devint blanc. Black ne lui laissa pas le temps de bafouiller une réponse.

« Toi, Noa. Tu devras vérifier le rangement de toute la bibliothèque et ses archives. Vous y passerez chacun une heure après vous cours. Evitez de recommencer. Il y a plein d’autres endroits dans l’école.»

Makoto partit aussitôt sans ouvrir la bouche. Black se demandait quelle allait être la réaction de Noa face à son petit cadeau. La bibliothèque était parfaitement rangée (un point fondamental du réglement intérieur qu'il avait pu lire), le jeune blond avait simplement "l’obligation" de bouquiner une heure là-bas, au calme, après les cours et de fouiner également dans les bouquins "rares" de la réserve.

Attente anxieuse –ou comment conjuguer vie professionnelle et avantages aux amis.

Alors comme ça [g]ils[/g] avaient commis une infraction ? Le sourire de Noa s'agrandit, curieux de voir comment Black allait présenter les choses. Parce qu'il savait que le seul à avoir participé à une bagarre, c'était son nouveau copinou Makoto.

Il dut se retenir d'en coller une audit super copinou quand celui-ci dit qu'ils ne faisaient que faire connaissance. Roulant des yeux, il se dit qu'il a avait une bien curieuse façon de faire connaissance avec les gens, ce quidam là. Mais il ne dit rien, sachant que de toutes façons, Black avait plus ou moins été témoin de l'altercation, et qu'en plus, Makoto avait cherché à lui coller un pain à lui aussi. Il renifla de dédain. Il était pathétique, ce type là.

Black reprit la parole, annonçant aux deux étudiants quelles seraient leurs punition, et là, le sourire de Noa cessa d'être provocateur, et devint clairement amusé quand il entendit quelle serait celle de Makoto. Ah, c'était jouissif. Et encore plus jouissif, c'était de voir le visage de la grande brute pâlir sous ses yeux. Il n'avait jamais vu quelqu'un devenir blanc, et maintenant, c'était fait. Et le fait que ça soit Makoto était un petit bonus pas négligeable… Il tourna donc son sourire vers Black, en guise de remerciement silencieux.

Lequel sourire s'agrandit quand il entendit quelle serait sa "punition" à lui. La bibliothèque. Oh oui, c'était bien ça. D'autant plus qu'il savait, ayant feuilleté le règlement, une fois son premier bouquin fini – il en était au troisième depuis son arrivée ici – et sachant pertinemment que les livres étaient parfaitement rangés.

Du coup, une fois que Makoto eut quitté la pièce, il s'approcha de Black et posa ses fesses sur le bureau, s'installant de manière à lui faire face, une petite moue amusée sur les lèvres.

"J'apprécie assez le traitement de faveur, mais si tu t'attires des ennuis, j'y suis pour rien, moi."

Il se cambra un instant, pour étirer son dos, puis glissa sa main dans la poche arrière de son jean, pour en tirer un bouquin usé, qui semblait avoir été lu, lu et relu et le lui tendit.

"Tiens, j'ai pensé que peut-être ça te plairait."

C'était visiblement un recueil de textes poétiques, illustré de temps à autres avec des photos en noir et blanc qui semblaient assez anciennes. La couverture avait été arrachée, et donc ça n'étaient que quelques feuilles reliées en livre, néanmoins, si le livre était usé à force d'avoir été lu, il était néanmoins en bon état, si on considérait qu'il n'était pas protégé par une couverture cartonnée.

"Tu me diras ce que t'en penses."

Noa s’assit négligemment sur son bureau. Black put inhumer à souhait son parfum un brin musqué, pas désagréable.

Des ennuis… ? bah… son intuition plutôt fine lui disait qu’il était déjà empêtré dedans, alors…

« Les lois sont nécessaires, tout comme leur interprétation. Ce qui ne se plie pas, se casse. » dit Black d’un ton professoral et quelque peu suffisant.
« Ne t’inquiète pas pour moi, mon grand, essaie simplement d’éviter ton nouveau pote pour quelques temps. »

Il vit soudain Noa se cambrer légèrement et extirper un livre un peu usé de sa poche arrière pour le lui tendre.

« C’est pour moi ? » dit Black essayait de maîtriser une montée de rouge aux joues.
« …je vais m’y mettre dès ce soir, avant de dormir. »

Oups. Avait-il fait une bourde ? Il ne voulait pas dire qu’il pressentait ce bouquin comme soporifique. Il aurait aimé secoué la tête pour chasser ces idées, mais impossible.

Il prit le livre. Il était chaud. Black aussi avait chaud et monopolisait toutes ses forces de concentration pour rester de marbre. Tout cela était tellement bizarre, et ridicule.

« Merci beaucoup… Je n’ai rien à te passer en échange… mais je trouverai quelque chose. » dit-il avec un petit sourire impudent, volé à son nouvel ami blond.

Il vit soudain le type aigri qui les observait en coin, de loin.

« Hum, et si nous retournions travailler ? »

Un petit discours sur les lois faites pour être respectées ou pas, qui arracha un sourire à Noa. Plus que ce qu'il disait, c'était le ton un brin suffisant de Black à cet instant qui l'amusait. Ce ton qui collait parfaitement à n'importe quel surveillant, sauf lui. Bon. Peut-être aussi que sa vision de Black était un brin pervertie parce qu'il ne savait pas qu'il était pion quand ils s'étaient rencontrés, et qu'étant pas du genre à être impressionné par quelqu'un ayant plus d'autorité que lui, il n'avait pas changé sa façon de se comporter avec le jeune homme une fois la nouvelle apprise.

Et puis le même ton, et son sourire qui s'était agrandi. Ne pas s'inquiéter. Oh, mais il ne s'inquiétait pas. Pas le moins du monde, en fait. Il y avait quelque chose, dans ce type là, qui lui rappelait quelqu'un. Une étincelle dans les yeux bleus, et le sourire s'effaça légèrement. Le léger pincement au cœur qui rappelle que non, on a toujours pas fait son deuil. Penser à autre chose, vite.

"Oh, mais je ne m'en fais pas pour toi, je me doute bien que tu te tireras de situation en racontant des bobards ou en manipulant la vérité comme tu viens de le faire."

Le ton est léger, mais juste un peu cassé. Mais Noa fait le fier, et ne montre pas qu'il y a des plaies qui n'ont pas cicatrisé. Pas encore, même si la tentation de se laisser aller avec ce type là, qui ressemble tellement au fantôme de son passé, et en même temps tellement pas. Mais non, pas encore, peut-être qu'il lui racontera tout, à Black. Pourquoi il est là, et pourquoi ça semble tellement facile, avec lui. Mais bon. Y'a le temps, hein. Il ne va pas disparaître, hein ?

Et puis une idée. Si Takeshi l'aimait, ce presque seul exemplaire du bouquin qu'il trimballe toujours sur lui, comme un porte-bonheur, peut-être que lui aussi l'aimera. Alors il prend son courage à deux mains, et le livre du bout des doigts pour le lui tendre. Peut-être que ça lui plaira, oui. Et puis sinon, il ne se dévoile pas, vu que la couverture a disparu. Aucun nom, aucun auteur. Il n'y a que lui, qui sait.

"Evidemment que c'est pour toi, sinon je l'aurais filé à Makoto. Que je n'ai pas envie d'approcher non plus de toutes façons, hein. Chupafou."

Ah, le sourire et la plaisanterie sont de nouveau là, plus faciles, moins forcés. Quelle idée aussi de se souvenir des choses qui font mal. Stupide.

"Je sais pas ce que ça vaut comme somnifère, mais je pense que c'est mieux de le lire soit d'un coup, soit très, très lentement."

Black avait pris le livre, et Noa avait rangé sa main dans sa poche. Il y avait un vide, là où il s'était trouvé, le bouquin. Un endroit qui semblait tout froid d'un coup, comparé au livre qui était tiédi à force d'être constamment en contact avec son corps. Et une partie intéressante dudit corps…

Qu'il n'ait rien à lui passer en retour, ça n'était pas étonnant, après tout, ça n'était pas comme si c'était prévu, de lui filer ce bouquin là. Mais c'était l'impulsion du moment, et il avait décidé de la suivre, pour voir ce que ça donnerait. Fallait tenter.

"C'pas grave que t'aies rien, le contraire m'aurait surpris de toutes façons. Puis t'inquiète, j'ai emmené le stock. Et puis j'ai tout le loisir d'explorer la bibliothèque, maintenant."

Sourire identique sur ses lèvres. Impudent, insolent, un brin effronté. Un sourire qui lui seyait définitivement bien.

Il suivit le regard de son compagnon de sourire, en direction d'un bonhomme visiblement aigri et très certainement malheureux dans sa vie, qui les fixait d'un air peu amène. Il se retint de lui faire les gros yeux. Quoi ? Il ne croyait tout de même pas qu'il faisait du plat à Black ? Hum ? Quoi ? Ah oui, à y réfléchir un brin, ils étaient effectivement proches. Très proches pour des amis, et bien trop proches pour un pion et un élève. Mais si vous croyez qu'il allait se bouger du bureau pour autant c'est que vous le connaissez bien mal. Un sourire colgate version insolent envoyé au quidam, et Noa reporta son attention sur quelqu'un de bien, bien plus intéressant.

"Tu crois ? Et si on ne retourne pas travailler, tu crois qu'il fera quoi ?"

Il s'appuya sur un bras posé entre ses jambes, juste pour s'avancer encore un peu. Fais gaffe, Noa, tu joues avec le feu…

"Et tu crois qu'il pense que je cherche à te corrompre ? Hm ? Tu penses qu'il s'imagine quoi ? Parce qu'il doit certainement s'imaginer des tas de trucs, vu comment il regarde…"

Le même sourire moqueur, effronté sur ses lèvres. Il ne se rend pas compte, Noa, que s'il en fait trop, un peu comme là, il devient aussi charmant qu'il n'est charmeur…

Héhé, il ne manquait pas de cran ce Noa, et ça lui plaisait bien à Black.
Ca ne devait pas plaire au type aigri par contre, mais bon.il faut savoir faire des concessions.

Black n’avait pas l’habitude d’avoir quelqu’un aussi près de son espace vital. Le parfum de son blond ami intoxiquait complètement ses sens. Il pouvait même sentir son souffle sur son visage. Leur pote aigri devait en avoir pour son argent.

Il commençait un peu à étouffer. Le parfum, son espace, la chaleur… Il se sentait oppressé, presque agressé. Mais le pire, c’est qu’il avait la tentation d’y succomber. Ce serait bien de combler certains vides.
Vite, une porte de sortie.

« Corruption, chantage… si jamais tu me fais un jeu de mots foireux avec Black-mail… je devrais pouvoir te trouver une autre punition à faire. » lui dit-il sous son nez, avec un grand sourire.

--- Les masques, toujours les masques. Le contact des pattes avec la terre, pour tout évacuer, retrouver la paix. ---

S’en suivit un éclat de rire qui fit couler cette tension comme de l’eau sur de la toile cirée.
Il n’allait vraisemblablement pas gâcher cette chance de retrouver une vie sociale.
Un ami. C’est la seule vraie richesse, la plus absconse mais la plus concrète en même temps.

Le blondinet (bizarre, Black était plus petit que lui…) arborait toujours son sourire sûr de lui. Ca devait être sa loi à lui. C’est bien les lois, pour ce côté rassurant. Et pour une fois, une loi que notre ami ne voulait pas essayer de plier.

Il murmura.
« Je crois qu’il a eu sa dose, il va nous faire une crise d’apoplexie… Je préfère l’user petit à petit, plutôt que de lui procurer une overdose, qu’en penses-tu ? » Clin d’œil et sourire carnassier.

Il se recula dans sa chaise et passa la main dans ses cheveux. Il regarda par la fenêtre. Il pouvait voir un croissant de Lune épais qui brillait bien blanc, sur un bleu pastélisé de nuages. Très agréable. Tout allait bien.
Il ne put s’empêcher de soupirer de plaisir. Tout allait bien, et quelque part, IL se sentait bien aussi.

Non. S'il y avait bien une chose qui ne manquait pas à Noa, c'était le cran. Y aller au culot, c'était son fort, et c'était sa manière d'agir depuis toujours. Les gens n'aimaient pas ? Tant pis, il ne cherchait pas à plaire. Même pas à choquer, en fait. Il était comme ça, c'était tout.

… Bon. Il aimait bien provoquer un peu, il fallait l'avouer. Ca faisait partie de ses petits jeux, ses petits plaisirs personnels, qu'on peut facilement lui pardonner, puisqu'il n'en a pas vraiment beaucoup d'autres. Et là… Là, il s'en donnait à cœur joie. La proximité de Black n'était pas désagréable, loin de là. Avec un peu d'honnêteté, il reconnaîtrait qu'elle lui était même plutôt agréable.

Provoquer, à cet instant s'avérait particulièrement savoureux. D'une part, le fait d'être aussi proche de Black avait quelque chose, un je ne sais quoi de palpitant, de presque envoûtant. Et d'autre part, faire tourner le type aigri en bourrique avait quelque chose d'extrêmement plaisant. La situation n'avait en somme que des avantages. Il sembla réfléchir un instant à comment la rendre plus intéressante encore, mais dût renoncer, d'une part parce qu'il ne savait pas comment le surveillant le prendrait, et d'autre part, parce qu'il n'était pas sûr de savoir comment lui-même le prendrait.

… Et puis comme le disait la chanson Que serà serà. Il n'allait pas contredire une chanson aussi connue, et qui n'était pas totalement dans le faux.

De toutes façons, Black, dans un geste d'une extrême mansuétude inconsciente finit par briser un peu l'ambiance, sortant un jeu de mots un peu foireux auquel Noa n'avait même pas osé penser. Il haussa un sourcil, puis se fendit de son sourire en coin, prenant bonne note de la blagounette, histoire de la ressortir un jour, rien que pour l'enquiquiner.

Ils échangèrent un regard, puis éclatèrent de rire en même temps, sous le regard à la fois perplexe et scrutateur du monsieur aigri. Et puis Black se pencha en arrière, et ajouta que le type devait avoir eu sa dose. Et si Noa avait été tenté d'en rajouter une, juste pour la galerie, il songea que finalement, c'était pas si mal d'en rester là. L'autre se poserait d'autant plus de questions, muhaha.

"Hum, j'adhère. Il a de quoi fantasmer pendant un moment."

Et allez, Noa ne serait pas Noa s'il n'était pas tellement Noa, et il se pencha une nouvelle fois vers Black, juste un peu, son sourire toujours collé aux lèvres.

"Parce que je suis sûr qu'il fantasme."

Et un coup de langue sur ses lèvres (à lui, hein) juste assez visible pour que le spectateur le voit, mais pas assez pour que ça ait l'air d'être exagéré. Oh, ça il maîtrisait, Noa. Il plaça ses mains de part et d'autre derrière lui, et s'appuya dessus, un sourire mutin aux lèvres.

"Et ça, c'est ce qu'on appelle un final en beauté. Sur ce."

En un bond souple, il se releva et passa de l'autre côté du bureau, du côté de la porte, restant toujours face à Black, mais une main sur la poignée de la porte. Sourire toujours aux lèvres, étincelle au fond des yeux. Il tire sa révérence et ouvre la porte, pour sortir.


[Pinaise, abusé, mais le type aigri, je le visualise en "La Boule" de Fort Boyard, référence de la mort kitu.]

Le sourire de Black s’étira d’une oreille à l’autre quand il vit Noa faire la révérence.
Vraiment un sacré coco. Il décréta qu’il l’aimait vraiment bien.

Il s’avança quand il vit Noa franchir la porte, pour l’arrêter, presque instinctivement. Mais il s’en rendit compte instantanément, et ce réflexe lui fit peur. Il baissa la tête et resta finalement silencieux, déçu de sa faiblesse et de sa peur. Cicatrices toujours un peu ouvertes.

Il s’adossa à nouveau dans sa chaise et soupira devant le tas de paperasse déjà arrivé.
Il avait toujours le livre dans ses mains. Le livre était chaud, normal, là où il était placé. Mais quelque part, son état abîmé dégageait une autre chaleur. Noa y tenait, c’était évident.

Il regarda une fois de plus la Lune et se sentit apaisé.
Il fallait qu’il lui offre un cadeau du même acabit… et il avait une petite idée.

Les mains derrière la nuque, oubliant un moment le travail qui l’attendait, il se disait que c’était assez étonnant en fin de compte comment un visage peut en remplacer un autre aussi facilement…




[C’est marrant, moi je le voyais plus comme un type habillé en beige, légèrement rond, les cheveux grisonnants, et qui dégageait une certaine odeur de vieux, même s’il ne l’était pas tant que ça]