Chambre de Schiller (libre pour deux autres personnes..ahem)

Enfin, il arriva en haut de l'escalier. Il regarda d'un oeil un peu décontenancé le long couloir qui s'offrait à lui et comprit qu'il lui faudrait choisir une chambre. Il vit que l'une d'elle était sans doute déjà occupée. Tiens, il y avait plusieurs lits. Il regarda de droite et de gauche et se dit qu'il préfererait avoir une chambre pour lui tout seul. Il continua son inspection et en trouva une à sa convenance, encore vide. Il entra et ferma la porte derrière lui: il ne voulait pas être dérangé. Il alla ouvrir les rideaux tirés pour admirer le ciel nocturne et laisser pénétrer le doux rayon de lune, puis entreprit de ranger ses affaires. Il n'avait pas grand chose; des vêtements, deux robes de nuit, et un nécessaire de toilette. Rien de plus. Ni instrument de musique, ni photos de famille, non, rien qui laissât penser qu'il avait, quelque part, une famille aimante, un passé, une vie quotidienne. Ni livres, ni magazines, il n'avait pas voulu s'encombrer.

Son rangement fut donc vite fait, après quoi, il inspecta les lits au nombre de trois. Il décida de les mettre côte à côte, pour avoir plus de place encore. Ainsi fut-il. Il recula de quelques pas pour admirer d'un air satisfait son oeuvre, hocha la tête pour s'approuver lui-même, puis décida de tester le matelas. Délicatement, il s'assit au bord du lit qui venait en premier, et s'allongea, d'une façon bien maniérée. Il avait connu mieux, mais ce n'était pas pour autant inconfortable. Il savait en dépit de son orgueil apprécier certaines choses à leur juste valeur, et, il ne détestait pas d'emblée l'école, non, il préférait partir d'un bon pied, et il était assez intelligent pour savoir que partir perdant n'aide pas à être vainqueur à l'arrivée.

Il se redressa ensuite, lentement, à la manière de ceux qui avaient tout leur temps. Après tout, il n'était pas de ceux qui craignaient le vieillissement, il avait l'éternité devant lui, à la condition bien sûr que personne ne vînt abréger sa longévité. Mais la maxime ne dit-elle pas "je suis immortel, jusqu'à preuve du contraire"? Il regarda par la fenêtre, admira les étoiles. Il avait l'impression d'être dans un autre monde...oui... "Il y a plusieurs mondes, mais ils ont tous le même ciel"(©Altaïr Illystin, Machiavelic Fantasy) Il trouvait cela fascinant. Mais dommage de ne pouvoir admirer autant le soleil. S'il était une chose qu'il dût envier aux humains, ce fût sans doute celle de pouvoir choisir son mode de vie. Il décida toutefois de faire un petit tour du propriétaire, histoire de se remonter un peu le moral qui n'était pas au plus haut. Même lui se sentait perdu et dépaysé, d'autant plus que personne n'était venu l'accueillir, alors qu'il s'agissait là de la moindre des politesses. Il revêtit une cape plus agréable à porter que chaude, et s'aventura dans les couloirs obscurs.

Il ne savait pas par où il allait, ni ce que cela l'amènerait à rencontrer. Mais tout cela lui était bien égal: il marchait, droit, la tête haute, sa cape flottant derrière lui, semblable à un fantôme de chez lui. Il y avait dans son regard quelque chose d'assuré, de méprisant, mais aussi, lorsque l'on osait le fixer dans les yeux assez longtemps, quelque chose de...tourmenté...oui... il n'avait pas l'esprit tout à fait tranquille. Il ne parvenait à dire pourquoi ce qui l'agaçait d'autant plus. Peut-être était-ce le fait que, pour une fois, le chouchou de la maisonnée, ce n'était pas lui, non...ici et maintenant, il était encore le plus parfait des inconnus.